Les Micros Filaires
Quelle difficulté de choisir un micro !!
L'offre est pléthorique, avec des termes plus ou moins complexes, la gamme de prix est tellement large !
Comment s'y retrouver, comment choisir, mais aussi comment acheter ?
Et une fois le Saint Graal entre les mains, comment l'utiliser convenablement ?
Je vais tâcher de répondre au mieux à ces diverses questions, avant de vous proposer des "valeurs sûres", en rapport bien sûr avec les spécificité de votre métier.
Comme toujours, toutes les marques citées ici sont propriété respectives des constructeurs, et je ne touche aucun commission sur telle ou telle marque.
Tout d'abord, c'est quoi un micro ?
Disons même microphone, pour ne pas confondre avec micro-ordinateur, ou micro-onde... On parle ici d'un transducteur, c'est à dire d'un appareil qui transforme une grandeur physique en une autre. Cette notion est importante, car elle permet de mieux comprendre la complexité de cette tâche.
Les grandeurs physiques dont je parle sont d'un côté une pression acoustique, plus communément appelé "Son", et de l'autre côté une tension électrique, exprimée en volts, et surtout en millivolts. Mais peu importe les unités, nous ne sommes pas là pour reprendre nos cours de techno...
L'important est de comprendre qu'il y a une transformation, donc un réel "travail". A ce petit jeu, les micros ont tous une manière différente d'effectuer cette transformation, et ce "travail" qu'est censé faire ce micro dépend de dizaines de paramêtres plus subtils les uns que les autres.
Pour simplifier cet article, nous allons nous concentrer sur uniquement 2 de ces paramêtres, et encore, ils sont intimement liés. Je veux parler de la Sensibilité et surtout de la Directivité. Avec ces deux paramêtres, on va pouvoir déjà commencer à classer les micros par catégories, et vous allez voir que ça va nous faciliter la tâche pour le choix final...
La Sensibilité:
C'est facile à comprendre: pour un son donné, c'est la quantité d'électricité que le micro va fournir. Prenons par exemple une guitare sèche: en fonction du micro, certains fourniront plus de signal électrique que d'autres pour un même niveau sonore de jeu du guitariste.
"Facile ! Prenons les plus sensibles !
Euuuuuuh, non.
Car à la sensibilité est associé un paramêtre secondaire, dont il faut "ke-j'vous koz": la dynamique.
Prenons deux exemples simples: vous discutez avec une personne, située à 1m devant vous qui chuchote. Un triste sir arrive derrière vous avec un sac en papier glonflé à bloc, et PAN ! Il vous le fait éclater à proximité de vos oreilles...
Deuxième exemple: vous êtes à un concert de rock, lourdement sonorisé, et votre voisin, pourtant situé à 50cm de vous, tente de vous parler, mais vous n'entendez rien. Pourtant, si on coupait le son, vous l'entendriez très bien, et même, il ne serait plus obligé d'hurler pour se faire entendre...
Donc, notre oreille (aidée du cerveau), à une certaine capacité à entendre des choses très faibles, mais supportera mal les très forts niveaux, surtout si ils sont soudain, alors qu'elle pourra supporter les décibels d'une grosse sono, mais en devenant quasiment sourde aux signaux les plus faibles.
Pour un micro, c'est exactement pareil !
Définition: la dynamique, c'est le rapport qu'il y a entre le signal le plus faible (audible), et le signal le plus fort (admissible).
Vous comprendre aisément qu'un micro sensible va perdre toute notion du bon sens sur des signaux forts, alors qu'un micro dédié pour encaisser des signaux forts sera sourd comme un pot pour les signaux les plus fins.
Pour les experts ou les curieux: une énergie (acoustique) s'exprime en Micro-Pascal µP (à ne pas confondre avec une pression acoustique qui s'exprime en décibels dB), et une tension en Volts, voire en milli-volts. La sensibilité est donc indiquée en mV/µP. Plus elle est grande, meilleure est la sensibilté, et chaque mV gagné peut parfois doubler le prix du micro !
A ce niveau de l'article, je passe volontairement sur les technologies qui permettent d'obtenir telle ou telle sensibilité. Ce qu'il est important de retenir, c'est qu'il y a deux grandes catégories de micro:
Les électro-statiques ou plus communément les "statiques", et les micros dynamiques.
Il faut à ce niveau savoir que les micros statiques ont besoin d'êtres alimentés pour fonctionner, alors que les micros dynamiques se suffisent à eux même. Comment alimenter un micro statique ? A l'aide d'une alimentation fantôme !! Boouuuuuh !!!
Non, ce n'est pas une blague... On l'appelle ainsi, car en fait, c'est la console sur laquelle on va brancher le micro qui va renvoyer par le câble-micro du courant pour alimenter le micro, qui en retour, va renvoyer vers la console le signal électrique. Cet envoi de courant se fait de manière "transparente" pour le signa audio, d'où cette notion de fantôme.
Donc important: si vous souhaitez utiliser des micros statiques, il faut que votre console dispose d'une alimentation fantôme. On en reparle dans l'article des consoles.
Nous avons déjà commencé à séparer les micros en deux grandes familles, continuons...
Suite de l'article
La Directivité:
Sur ce paramêtre, vous êtes généralement beaucoup plus à l'aise, car c'est un phénomène très proche de l'oreille, donc facile à comprendre. Le terme "directivité" parle de lui-même. C'est la différence de sensibilité du micro selon la direction dans laquelle le son arrive au micro. On retiendra 2 directivités essentielles: l'uni-directionnelle (ou Cardioïde) et l'omni-directionnelle (ou Omni).
Mais sachez qu'il en existe d'autre, que voici:
Le micro cardioïde est définit par sa directivité vers l'avant, mais surtout par le fait qu'il capte peu les sons provenant de l'arrière. C'est pourquoi il est le microphone privilégié des chanteurs sur scène, car le risque de "larsen" avec un retour de scène est limité. Je reviens sur ce phénomène plus loin.
Ce sera quasiement la seule directivité que vous trouverez dans votre parc de micros, car la plus répandue.
Le micro omnidirectionnel ne privilégie aucune provenance. Il est donc particulièrement adapté pour enregistrer des sons d'ambiance: réactions du public, mais aussi la réverbération naturelle d'un lieu (église, chapelle, stade, etc...). Supporte mal qu'on le tienne à la main, car sinon on risque d'entendre les bruits de main. Son usage ne se justifie que lorsqu'on enregistre. Très difficile à gérer dans le cas d'une sonorisation, car le risque de "Larsen" est très grand.
Le micro hypercardioïde ressemble à un microphone cardioïde mais dont les angles morts arrières diffèrent. De ce fait, il est adapté aux chanteurs utilisant deux retours de scène. Sa sensibilité dans l'axe avant est souvent un peu meilleure qu'avec un micro cardio. Voir plus loin, quelques exemples pour comprendre la différence entre Cardio et Hyper-cardio, car les deux ne sont pas compatibles dans UN environnement donné.
Le micro bidirectionnel est sensible aux sons provenant de l'avant et de l'arrière. Il est donc indiqué pour les duos, ou pour être placé entre deux éléments (caise claire-charley, par exemple). Mais son usage est très particulier et nécessitera une bonne connaissance de la prise de son. Au cinéma, il est utilisé pour faire des ambiances "M/S", mais cela ne nous concernera jamais dans nos usages "collégiens".
Le microphone canon possède une forte directivité vers l'avant. Il est donc indiqué pour capter les sons d'une source éloignée en limitant les bruits parasites. Idéal pour capter une source éloignée (documentaires animaliers, bavardages en fond de classe, espionnage...). Bref, vous n'en rencontrerez jamais dans votre parc de matériel
Revenons sur la différence entre un cardio et un hyper-cardio:
Cet apparté aurait pu figurer dans l'article dédié aux retours de scène, et je l'y recopierais. Mais il est tout aussi utile de le mentionner ici. Pour faire une première simplification, nous dirons que concernant ce qui se passe DEVANT le micro (côté chanteur), c'est du pareil au même, que ce soit sur un cardio ou un hyper-cardio.
Là où les choses se compliquent, c'est derrière:
Un micro cardioïde est quasiment sourd dans la partie arrière. Là où se trouve la main, donc généralement le corps du micro, mais aussi tout ce qui peut se trouver dans l'axe arrière du micro, jusqu'au sol... A savoir le retour de scène (voir l'article à ce sujet). Donc, si le chanteur a devant lui un seul retour, bien dans l'axe, il n'y a quasiment aucune chance de provoquer un Larsen avec ce retour.
Mais parfois, les chanteurs souhaitent mieux s'entendre sur scène, soit parce qu'ils bougent, ou qu'ils peuvent se tourner vers l'un des musiciens, etc... Donc, dans ce cas, on leur place 2 retours, situés à leur pieds, devant eux, à 45° à droite, et à 45° à gauche. Oui mais là: on "arrose" une zone de sensibilité du micro cardio, et on augmente donc les chances d'accrocher un Larsen par ces retours.
Arrive alors l'hyper-cardio: ce micro dispose de "zones d'ombre" à +/- 45° sur l'arrière. On peut donc y mettre les retours, on ne risquera pas trop d'accrochage de Larsen. Mais inversement, si on utilise un micro hyper-cardio avec un seul retour, il ne faut surtout pas le placer dans l'axe arrière du micro, car sinon, Scouiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
Récapitulons: Cardio = 1 retour, dans l'axe / Hyper-cardio = 2 retours à +/- 45°
Un petit schéma pour récapituler tout ça:
Simplifions à l'extrème !
J'ai volontairement passé sous silence bon nombre de technologies de fabrication des micros, que les puristes ne me jettent pas la première pierre. Il s'agit ici de vulgariser au maximum pour vous éviter de vous perdre dans les méandres techniques que ces petits "trucs" peuvent engendrer.
Nous avons donc définit qu'il existe des micros sensibles statiques nécessitant une alimentation fantôme, et des micros dynamiques supportant mieux les forts niveaux, ne nécessitant pas d'alimentation. Pour chacune de ces deux grandes familles, ils peuvent êtres cardioïdes ou omni, bien que ces derniers, vous n'en n'aurez probablement jamais à utiliser. Restons-en aux cardioïdes.
Finalement, nous parlerons tout simplement des statiques et des dynamiques.
Nota: la construction respective de ces deux types de micro fait que les statiques sont fragiles, ne supportent pas les chocs, l'humidité et les mauvais traitements. Le dynamique, de construction plus solide, supportera un peu mieux les chocs, sera moins sensible aux aléas climatiques. Mais quoi qu'il en soit: un micro est fragile, point barre ! Prenez-en soin !
Quel micro pour quel usage ?
Ou l'art de se fâcher avec la profession...
La suite un peu plus tard...